A l’occasion des 30 ans de la Fédération 3977, Hospimédia publie un article sur les bénévoles du réseau ALMA

La journaliste Lydie Watremetz (Hospimédia) a rédigé cet article sur les bénévoles des centres ALMA, paru le 23 octobre 2025 (article original : https://www.hospimedia.fr/actualite/articles/20251023-qualite-les-benevoles-des-centres-d-ecoute-alma)

Les bénévoles des centres d’écoute Alma maltraitances font de leurs spécialités une force

Trois décennies après la création du réseau des centres d’écoute Alma contre les maltraitances, les protagonistes s’interrogent sur l’avenir du dispositif. L’histoire des écoutants bénévoles démontre qu’ils se sont imposés au fil du temps dans le secteur pour la défense des personnes âgées en adoptant leur méthode aux besoins des territoires.

Les bénévoles écoutants des centres Alma arrivent à pénétrer les domiciles, les institutions et les établissements sans être intrusifs et sans aucun mandat tout en ne faisant pas à la place des professionnels. (Image source/BSIP)

Les centres Alma d’écoute contre les maltraitances aux personnes âgées et en situation de handicap ont replongé dans leur passé ce 21 octobre pour les trente ans du réseau à Grenoble (Isère). L’occasion pour les intervenants et participants de constater que les inquiétudes pour leur avenir financier font écho aux problématiques de légitimité posées à leur création. C’est aussi une façon d’envisager une nouvelle voie ou tout du moins de rassurer les membres du réseau. Les avis restent partagés. Certains considèrent que le modèle historique d’écoute reposant uniquement sur des bénévoles formés n’est pas fini quand d’autres semblent plus pessimistes au regard du risque de perdre leur source principale de financement dans le cadre de la refonte imposée par la loi Bien vieillir (lire notre article).

Des entretiens pour l’histoire

Pendant cette journée, il a beaucoup été question de l’héritage de Robert Hugonot, le fondateur, et de son équipe rapprochée grâce à qui « tout a commencé ». Les intervenants ont évoqué le sens des actions des centres, leurs vulnérabilités et leur résilience. Cet exercice de mémoire a été impulsé par leur fédération 3977 qui a organisé pendant un trimestre — en amont du colloque — des entretiens avec les responsables des centres Alma. Il en ressort des heures d’enregistrements qui devraient, selon la responsable des partenariats de la fédération 3977, Élodie Durand, nourrir la réflexion de l’institut de lutte contre les maltraitances (lire aussi notre article).

Des fondements solides

Jean-Jacques Amyot, psychosociologue, directeur scientifique de la journée — qui a également conçu le questionnaire et mené les entretiens — a dévoilé en ouverture quelques réflexions issues des premières analyses. Il constate que la fédération est ancrée sur les territoires et rappelle qu’en 1995 Robert Hugonot a lancé une expérimentation associative à Grenoble (Isère) soutenue par la caisse régionale d’assurance maladie ou encore la Fondation de France. Contrairement à d’autres dispositifs, les centres d’écoute contre la maltraitance n’ont pas été initiés par l’État. Il précise qu’ « iIs se sont construits sur les territoires pour répondre à des situations sans modèle imposé par les pouvoirs publics […]. Dans ces années-là, pour beaucoup la maltraitance aux âgés n’était pas un sujet ». Il rapporte aussi que les centres vont alors se mettre en place et « s’inventer avec les moyens du bord » devenant à la fois un outil épidémiologique, un service d’écoute opérationnel et un créateur de lien autour de cette problématique avec les administrations, les professionnels, les collectivités, le grand public…

Une diversité de cas

Plusieurs interrogés ont parlé du courage des premiers centres et du réseau qui se sont mis en place « pour défier l’inertie de l’époque au-delà de nombreuses limites » encore présentes aujourd’hui. Les bénévoles écoutants arrivent à pénétrer les domiciles, les institutions et les établissements sans être intrusifs et sans aucun mandat tout en ne faisant pas à la place des professionnels. Il rapporte aussi que les fondateurs n’ont pas hésité à traverser la France pour partager leurs initiatives, créer une mobilisation en faveur des âgés et surtout trouver des partenaires privés et publics. Encore aujourd’hui, la fédération et les centres proposent des sensibilisations et des formations. Le psychosociologue ajoute qu’au lancement en plus d’un cadre d’action restrictif, lié notamment à l’exercice bénévole, il n’existait pas de définition opérationnelle de la maltraitance.

Au fil des ans, le sujet de la maltraitance s’est imposé comme une problématique sociétale. Jean- Jacques Amyot relève que dans ce contexte, les centres Alma les plus récemment ouverts semblent avoir bénéficié d’une meilleure reconnaissance que leurs prédécesseurs. Il constate la grande diversité des motifs de leur création : dans la foulée du signalement d’un cas, d’une demande des autorités locales (département et région), d’une initiative individuelle dont d’anciens professionnels du secteur ou au sein d’associations travaillant sur d’autres thématiques. Tout cela engendre des modes de fonctionnements différents intimement liés aux spécificités territoriales et aux profils et à la personnalité des écoutants, des référents et des responsables.

La légitimité des écoutants Alma

Intervenant à la table ronde consacrée à la création des centres, Brigitte Lefebvre, fondatrice d’Alma Isère, confirme que les valeurs de confidentialité et aussi les pratiques basées sur la pluridisciplinarité du réseau ont été mises en place par le collectif. Ajoutant que les centres fonctionnent toujours sur les bases de départ comme la double écoute et le principe de ne jamais apporter de conseil à la première écoute. Les profils variés des responsables et écoutants sont des atouts. Ils sont souvent retraités, anciens avocats, éducateurs, gériatres, médecins, professeurs… arrivant dans les centres avec des expériences professionnelles diverses et aussi un réseau de connaissances. Bernard Poch, membre du bureau de la fédération et aussi président d’Alma Landes, précise que si les écoutants sont des bénévoles leur attitude est néanmoins professionnelle. Outre leurs compétences acquises dans leurs parcours personnels, leurs formations… ils bénéficient de formations en continu pour améliorer la qualité de leur écoute.

Les difficultés de recrutement de nouveaux bénévoles ont été soulevées par plusieurs intervenants. Françoise Busby, ancienne directrice d’Alma France, a un positionnement plutôt encourageant pour l’avenir. Elle est persuadée que les jeunes générations vont s’investir dans la cause des âgés mais qu’ « il faut aller les chercher », faire œuvre de pédagogie pour convaincre comme au début. Quant au risque de fermeture de certains centres, elle pense que ceux qui sont plus solides reprendront les dossiers des centres voisins qui pourraient fermer déclarant « j’ai une foi profonde en Alma ».

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